Mois: novembre 2023

Traduction – trahison ?

La polémique à propos de plaques de rues bilingues en Alsace, et tout particulièrement à Colmar reflète des clivages idéologiques et psychologiques anciens : la « honte » devant l’identité historique de l’Alsace, ancrée dans la culture allemande. Sans revenir à Fréderic Hoffet (Psychanalyse de l’Alsace, 1951), de nombreux habitants continuent à nier l’évidence en se « drapant » dans un patriotisme outragé… En réalité, les jeunes générations, qui ont largement abandonné le dialecte, se désintéressent de la question toponymique et les touristes y sont indifférents, l’enseigne d’un restaurant étant plus importante que son adresse (sauf pour la localisation GPS !).

Quand on parle de « traduction », il faudrait s’entendre sur la langue initiale. En Alsace, les parties les plus anciennes de nos villes et villages ont toujours porté des noms en alsacien, avec une graphie le plus souvent en allemand. Ce n’est qu’au fil du temps que des termes français ont été introduits, parfois sur la base d’une traduction approximative, voire fausse. A Strasbourg, les exemples abondent, le plus stupide étant la « Rue du Dôme », Münstergasse jusqu’en 1918, devenue « Rue de la Cathédrale » au retour à la France, puis « Domgasse » en 1940 (Hochdeutsch) et enfin en 1945, la dénomination actuelle (traduction de dictionnaire) sans la moindre coupole à l’horizon.

Pour être clair : les termes français sont des traductions de l’original en alsacien/allemand – et non l’inverse. Face aux gesticulations les plus chauvines, les responsables municipaux doivent expliquer qu’il ne s’agit pas de traduire, mais de compléter par l’appellation authentique l’information du promeneur. L’important est d’ailleurs l’utilisation par la population et les services administratifs de l’un ou de l’autre nom, qui devrait également être référencé par les moyens de guidage électronique. Du reste, la question des noms de lieu se pose également pour le cadastre où un « topocide » est en cours dans le silence général (remembrement, dite numérisation du Livre foncier, etc.). Un vaste chantier de protection et de valorisation pour l’OLCA !

Voiture Grand Est aspergée de peinture : une condamnation inique !

Le mardi 14 novembre 2023, en Corse, quatre hommes d’une trentaine d’années ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et 2 500 euros d’amende pour violences aggravées en réunion. Ils avaient agressé et blessé grièvement deux gendarmes à la sortie d’un bar d’Ajaccio.

Le mercredi 15 novembre 2023, En Alsace, cinq jeunes dont deux filles ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et 6 000 euros de dommages et intérêts pour avoir aspergé de peinture des voitures publicitaires Grand Est lors du Tour de France féminin. L’objectif de ces jeunes Alsaciens était de dénoncer la fusion des régions et la politique identitaire du Grand Est qui en découle.

Certes, jeter de la peinture sur une voitures est un acte illégal. Mais comment peut-on mettre une condamnation aussi disproportionnée, au niveau de celles concernant des faits de violences sur personnes ? Chercherait-on à envoyer un message plus global au peuple alsacien, pour faire taire la contestation contre la fusion des régions ?

Alors que la police et la gendarmerie font face à des manques de moyens criants pour mener leurs enquêtes, on peut s’interroger sur les moyens mobilisés (vidéo surveillance ; relevés téléphoniques ; enquête de voisinage ; tapissage photographique, dossier de 600 pages, etc.). Dignes d’une affaire criminelle, ce ne sont pas moins de quatre brigades de gendarmerie qui ont mené les arrestations (avec menottes dans certains cas).

Pourquoi un tel zèle et une telle sévérité pour s’être attaqué au logo du Grand Est ? Cette affaire rappelle de bien mauvais souvenirs. Lorsque la France a malmené l’identité alsacienne par le passé, au lieu de faire amende honorable, elle a cherché à faire taire les Alsaciens via des procès retentissants (procès de Colmar de 1928, procès de Bordeaux de 1953).

Si cette nouvelle affaire est incommensurablement moins lourde, le même schéma semble se répéter. L’Etat français, en fusionnant les régions, a violé un traité européen en supprimant la Région Alsace sans consultation de ses habitants. En commettant cet acte illégal, il a déclenché une crise en Alsace qui fini par déboucher sur des actes de contestation (ce qui était prévisible et inéluctable). Incapable de répondre aux aspirations légitimes des Alsaciens, la seule réponse des institutions de la République à ce stade est de faire la sourde oreille et de réprimer de manière disproportionnée le moindre coup d’éclat visant la Région Grand Est.

En condamnant ainsi ces cinq jeunes, c’est l’ensemble du peuple alsacien qu’on piétine une fois de plus. C’est pourquoi nous leur apportons notre soutien, et invitons à contribuer à la cagnotte leur permettant à faire face aux frais de leur défense : Cagnotte : Soutien à 5 militants alsaciens ! – Leetchi.com

Compte rendu du débat « Quelles régions, pour quelle Europe ? »

Pour ceux qui n’ont pas pu assister au débat que nous avons organisé le 9 novembre au FEC avec les députés Sandra Regol, Laurent Jacobelli et Raphaël Schellenberger, voici le compte-rendu publié sur le média en ligne Alsace News.

Nous en retiendrons que l’autonomie régionale n’est plus un tabou, puisque le terme autonomie a été utilisé et revendiqué. Mais il reste encore à le traduire réellement dans le projet de « Région européenne Alsace ».

Le succès de l’évènement, qui a permis d’ouvrir les réflexions sur l’avenir de l’Alsace à un nouveau public, nous encourage à en refaire d’autres (y compris avec des courants politiques qui n’étaient pas représentés cette fois-ci).

L’Alsace en musiques : le livre de Summerlied

Un nouveau livre à ne pas manquer ! Jacques Schleef et Albert Weber, secrétaire général et membre de notre association, cosignent l’ouvrage Summerlied, L’Alsace en musiques. Les Dernières Nouvelles d’Alsace consacrent un magnifique article sur ce récit de 25 ans de festival engagé pour l’identité de la musique alsacienne.

Parce que la renaissance de l’Alsace passe aussi par un sursaut culturel et l’affirmation de son identité, il était indispensable que l’engagement du festival créé et dirigé par Jacques Schleef soit publié et diffusé au plus grand nombre. C’est désormais chose faite avec la publication de cet ouvrage, qui est une formidable source d’inspiration pour tous ceux qui auront le coeur à défendre l’Alsace à l’avenir. Puisse sa portée dépasser le cadre culturel pour embrasser l’ensemble de la vie sociale, car quel que soit le domaine, l’âme alsacienne doit pouvoir magnifier ses talents.

Sortie le jeudi 2 novembre 2023, avec une présentation dans le cadre des Bibliothèques Idéales.