Encore un marché de dupes !

Lors de sa visite à Strasbourg le vendredi 26 avril 2024, Emmanuel Macron a claqué la porte à l’Alsace : pas de sortie du Grand Est. Au lieu de cela, il souhaite que des discussions s’engagent entre les exécutifs de la Région et de la CeA sur d’hypothétiques transferts ou délégations de compétences.

Personne n’est dupe : il ne s’agit que d’endormir les Alsaciens et de procrastiner jusqu’aux élections Européennes pour lesquelles la menace frontiste semble être perçue en haut lieu.  La proposition piétine une nouvelle la volonté pourtant clairement affirmée du peuple alsacien à retrouver une Région Alsace de plein exercice.

L’engagement de Frédéric Bierry, qui porte de manière constante ce projet est à saluer. Toutefois dans cette phase décisive, nous encourageons le président de la CeA à se montrer suffisamment lucide et ferme pour ne pas se laisser entrainer dans un marché de dupes. Il se doit de garder à l’esprit le piège tendu il y a plusieurs mois par le Ministère des sports pour bloquer la reconstitution de la ligue d’Alsace de football. Son triste dénouement est dorénavant connu. La résolution du 18 décembre 2023 du Conseil d’Alsace qui s’est prononcé à l’unanimité en faveur d’une Région Alsace hors du Grand Est, collectivité à statut particulier conformément à l’article 72 de la Constitution, doit être respectée et tout marchandage refusé. Seul le rapport de force semble en mesure de laver ce nouvel affront et contrer la monarchie présidentielle qui n’est assurément pas un modèle politique pour l’Alsace.


Voir aussi l’article des DNA qui reprend des éléments de cette publication : https://c.dna.fr/politique/2024/04/27/les-partisans-de-la-sortie-de-l-alsace-du-grand-est-en-colere

Un but encaissé mais le match continue !

Quand la connivence entre les médias et la Région Grand Est s’affiche en plein jour

La cérémonie du Grand Prix du Trombinoscope des Territoires s’est tenue le 28/11/2023 à l’hôtel de la Région Grand Est de Strasbourg. Organisé par une entreprise spécialisée dans la communication politique (Trombi Média), l’objectif de ce prix est de récompenser des politiques dont l’action a participé au « rayonnement de la Région Grand Est au-delà de ses frontières ». Le nom des personnalités a été choisi par des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle du Grand Est.

Nous pouvons constater que le microcosme politico-médiatique entretient des relations très étroites. Car non seulement les prix ont été remis à l’hôtel de la Région Grand Est, mais sur les 8 prix, 3 sont revenus au président et à deux vice-présidents du Conseil régional :

  • Franck Leroy : président (prix de la personnalité de l’année)
  • Valérie Debord : première vice-présidente (prix du conseiller régional de l’année)
  • Thibaut Philipps : vice-président aux transports (prix de la révélation de l’année)

Et pour entretenir des bonnes relations de complaisance avec les médias, rien de mieux que d’organiser un beau cocktail pour l’occasion. Suite à une question du conseiller régional Jordan Guitton (groupe RN), la Région Grand Est a indiqué qu’il a couté 2 519 euros, budget imputé à la direction du protocole et des relations publiques.

Comment s’étonner encore de la partialité avec laquelle les médias traitent la question de la sortie de l’Alsace du Grand Est ? Souvent traité de manière caricaturale dans les médias « locaux » quand il n’est pas simplement soumis au silence, le sujet va manifestement à l’encontre de leur logiciel de pensée. Entretenir cette connivence en utilisant l’argent public de la Région pour ce type d’évènement, voilà qui est bien commode pour un traitement complaisant des actions de la Région Grand Est.

Selon le dernier baromètre de la confiance des Français dans les médias (Kantar), seul un quart des Français estime que les journalistes sont indépendants aux pressions de l’argent (26%) ou à celles du pouvoir (24%). Une crise de défiance manifestement bien partie pour durer.

Bonne « Résolution »

Le Conseil de la Collectivité européenne d’Alsace a adopté solennellement, dans sa session plénière du 18 décembre, son « Projet pour l’Alsace de demain ». Enfin !

Par cette Résolution, l’institution qui – depuis 2021 – est en charge du présent et de l’avenir de l’Alsace a exprimé sans fioritures la revendication politique de sa sortie de la Région Grand Est. Cette étape cruciale est le résultat d’un travail de fond impliquant à la fois les élus et le peuple alsacien d’une manière plus large. Notre association a joué un rôle actif dans ce processus et a contribué à enrichir le projet par son expertise.

La procédure souhaitée par Frédéric Bierry et sa majorité départementale pour obtenir le statut de Région européenne d’Alsace (ReA) – conformément à l’article 72 de la Constitution, sur le modèle de la Corse – est claire, crédible et opérationnelle. La délibération demande le vote d’une loi d’habilitation pour permettre au gouvernement (cf article 38 de la Constitution) de définir le nouveau statut de l’Alsace hors du Grand Est, la date d’entrée en vigueur étant fixée au 1er janvier 2025.

Désormais, c’est à Paris que tout se joue, alors que le calendrier est très serré. Le Président Emmanuel Macron va devoir trancher, car l’Alsace ne peut pas être en même temps dans la RGE et bénéficier de missions et de moyens spécifiques. La ReA est la seule réponse possible à l’exigence démocratique d’une large majorité des citoyens. Son statut doit faire l’objet d’une concertation avec tous les partenaires concernés (y compris la RGE) dans la plus grande transparence, car le capital de confiance du chef de l’Etat a beaucoup diminué. Malheureusement, organiser un référendum n’est sans doute plus possible : toutefois un débat ouvert à tous est indispensable pour légitimer une telle démarche.

Aux Alsaciens de mettre la pression, notamment en sollicitant les parlementaires (députés et sénateurs) afin de permettre le vote de cette loi d’habilitation au printemps (avant les élections européennes). Quant au contenu du statut, les « ingrédients » sont d’ores et déjà à l’Elysée.

 Bonne année 2024 ! E gueter Rutsch ins neje Johr !

Traduction – trahison ?

La polémique à propos de plaques de rues bilingues en Alsace, et tout particulièrement à Colmar reflète des clivages idéologiques et psychologiques anciens : la « honte » devant l’identité historique de l’Alsace, ancrée dans la culture allemande. Sans revenir à Fréderic Hoffet (Psychanalyse de l’Alsace, 1951), de nombreux habitants continuent à nier l’évidence en se « drapant » dans un patriotisme outragé… En réalité, les jeunes générations, qui ont largement abandonné le dialecte, se désintéressent de la question toponymique et les touristes y sont indifférents, l’enseigne d’un restaurant étant plus importante que son adresse (sauf pour la localisation GPS !).

Quand on parle de « traduction », il faudrait s’entendre sur la langue initiale. En Alsace, les parties les plus anciennes de nos villes et villages ont toujours porté des noms en alsacien, avec une graphie le plus souvent en allemand. Ce n’est qu’au fil du temps que des termes français ont été introduits, parfois sur la base d’une traduction approximative, voire fausse. A Strasbourg, les exemples abondent, le plus stupide étant la « Rue du Dôme », Münstergasse jusqu’en 1918, devenue « Rue de la Cathédrale » au retour à la France, puis « Domgasse » en 1940 (Hochdeutsch) et enfin en 1945, la dénomination actuelle (traduction de dictionnaire) sans la moindre coupole à l’horizon.

Pour être clair : les termes français sont des traductions de l’original en alsacien/allemand – et non l’inverse. Face aux gesticulations les plus chauvines, les responsables municipaux doivent expliquer qu’il ne s’agit pas de traduire, mais de compléter par l’appellation authentique l’information du promeneur. L’important est d’ailleurs l’utilisation par la population et les services administratifs de l’un ou de l’autre nom, qui devrait également être référencé par les moyens de guidage électronique. Du reste, la question des noms de lieu se pose également pour le cadastre où un « topocide » est en cours dans le silence général (remembrement, dite numérisation du Livre foncier, etc.). Un vaste chantier de protection et de valorisation pour l’OLCA !

Voiture Grand Est aspergée de peinture : une condamnation inique !

Le mardi 14 novembre 2023, en Corse, quatre hommes d’une trentaine d’années ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et 2 500 euros d’amende pour violences aggravées en réunion. Ils avaient agressé et blessé grièvement deux gendarmes à la sortie d’un bar d’Ajaccio.

Le mercredi 15 novembre 2023, En Alsace, cinq jeunes dont deux filles ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et 6 000 euros de dommages et intérêts pour avoir aspergé de peinture des voitures publicitaires Grand Est lors du Tour de France féminin. L’objectif de ces jeunes Alsaciens était de dénoncer la fusion des régions et la politique identitaire du Grand Est qui en découle.

Certes, jeter de la peinture sur une voitures est un acte illégal. Mais comment peut-on mettre une condamnation aussi disproportionnée, au niveau de celles concernant des faits de violences sur personnes ? Chercherait-on à envoyer un message plus global au peuple alsacien, pour faire taire la contestation contre la fusion des régions ?

Alors que la police et la gendarmerie font face à des manques de moyens criants pour mener leurs enquêtes, on peut s’interroger sur les moyens mobilisés (vidéo surveillance ; relevés téléphoniques ; enquête de voisinage ; tapissage photographique, dossier de 600 pages, etc.). Dignes d’une affaire criminelle, ce ne sont pas moins de quatre brigades de gendarmerie qui ont mené les arrestations (avec menottes dans certains cas).

Pourquoi un tel zèle et une telle sévérité pour s’être attaqué au logo du Grand Est ? Cette affaire rappelle de bien mauvais souvenirs. Lorsque la France a malmené l’identité alsacienne par le passé, au lieu de faire amende honorable, elle a cherché à faire taire les Alsaciens via des procès retentissants (procès de Colmar de 1928, procès de Bordeaux de 1953).

Si cette nouvelle affaire est incommensurablement moins lourde, le même schéma semble se répéter. L’Etat français, en fusionnant les régions, a violé un traité européen en supprimant la Région Alsace sans consultation de ses habitants. En commettant cet acte illégal, il a déclenché une crise en Alsace qui fini par déboucher sur des actes de contestation (ce qui était prévisible et inéluctable). Incapable de répondre aux aspirations légitimes des Alsaciens, la seule réponse des institutions de la République à ce stade est de faire la sourde oreille et de réprimer de manière disproportionnée le moindre coup d’éclat visant la Région Grand Est.

En condamnant ainsi ces cinq jeunes, c’est l’ensemble du peuple alsacien qu’on piétine une fois de plus. C’est pourquoi nous leur apportons notre soutien, et invitons à contribuer à la cagnotte leur permettant à faire face aux frais de leur défense : Cagnotte : Soutien à 5 militants alsaciens ! – Leetchi.com

Compte rendu du débat « Quelles régions, pour quelle Europe ? »

Pour ceux qui n’ont pas pu assister au débat que nous avons organisé le 9 novembre au FEC avec les députés Sandra Regol, Laurent Jacobelli et Raphaël Schellenberger, voici le compte-rendu publié sur le média en ligne Alsace News.

Nous en retiendrons que l’autonomie régionale n’est plus un tabou, puisque le terme autonomie a été utilisé et revendiqué. Mais il reste encore à le traduire réellement dans le projet de « Région européenne Alsace ».

Le succès de l’évènement, qui a permis d’ouvrir les réflexions sur l’avenir de l’Alsace à un nouveau public, nous encourage à en refaire d’autres (y compris avec des courants politiques qui n’étaient pas représentés cette fois-ci).

L’Alsace en musiques : le livre de Summerlied

Un nouveau livre à ne pas manquer ! Jacques Schleef et Albert Weber, secrétaire général et membre de notre association, cosignent l’ouvrage Summerlied, L’Alsace en musiques. Les Dernières Nouvelles d’Alsace consacrent un magnifique article sur ce récit de 25 ans de festival engagé pour l’identité de la musique alsacienne.

Parce que la renaissance de l’Alsace passe aussi par un sursaut culturel et l’affirmation de son identité, il était indispensable que l’engagement du festival créé et dirigé par Jacques Schleef soit publié et diffusé au plus grand nombre. C’est désormais chose faite avec la publication de cet ouvrage, qui est une formidable source d’inspiration pour tous ceux qui auront le coeur à défendre l’Alsace à l’avenir. Puisse sa portée dépasser le cadre culturel pour embrasser l’ensemble de la vie sociale, car quel que soit le domaine, l’âme alsacienne doit pouvoir magnifier ses talents.

Sortie le jeudi 2 novembre 2023, avec une présentation dans le cadre des Bibliothèques Idéales.

« Quelles régions, pour quelle Europe ? » Débat Laurent Jacobelli, Sandra Régol, Raphaël Schellenberger

Le Club Perspectives Alsaciennes (CPA) et l’Association de Prospective Rhénane (APR) organisent un débat à quelques mois des élections au Parlement européen. Les personnages politiques conviés nous exposeront leur vision de l’Europe, et en particulier de la place que des régions comme l’Alsace et sa capitale Strasbourg doivent occuper.

L’évènement animé par le journaliste Eric Vial aura lieu le jeudi 9 novembre (18h-20h) au FEC Strasbourg. L’entrée est libre, donc n’hésitez pas à partager cette invitation. Au plaisir de vous y voir nombreux !

A comme Autonomie, A comme Audace, A comme… Alsace ?

Depuis plusieurs mois, le mot « autonomie » fait partie du vocabulaire politique lorsque on parle de l’avenir de la Corse à Paris. C’est (malheureusement) la mort d’Yvan Colonna qui a enclenché le processus de réforme statutaire dont Emmanuel Macron vient de fixer l’ambition et le calendrier. Désormais, l’autonomie «dans la République» n’est plus un tabou et – logiquement – l’autonomisme n’est plus une insulte ! Inscrire la Corse dans la Constitution est une manière habile de confirmer son appartenance à la France.

Que signifie ce débat pour l’Alsace? A première vue, rien, puisque le président de la République a prononcé un discours « sur mesure » sans évoquer le chantier de la décentralisation pour l’ensemble du pays. Pourtant, les règles sont peut-être en train de changer et l’Alsace risque de se retrouver « hors-jeu ». Lors du congrès de Régions de France (Saint-Malo), plusieurs présidents de Région ont exprimé des revendications « autonomistes »: c’est notamment le cas pour la Bretagne, mais aussi pour la puissante Occitanie.

Et l’Alsace ? Elle n’est pas une Région et pourrait être oubliée dans la redistribution des cartes en cours. Si l’État acceptait de transférer aux Régions de nouvelles compétences, le Grand Est renforcerait encore son emprise sur la Collectivité européenne d’Alsace. Il est donc urgent d’agir pour obtenir dans la foulée le démantèlement de la RGE et la création d’une Région européenne d’Alsace, qui pourra bénéficier (comme ses voisines) des avancées démocratiques envisagées par Emmanuel Macron.

Le rendez-vous est fixé : début décembre, la Collectivité européenne d’Alsace devra adopter une résolution affirmant sa volonté d’émancipation de la RGE et précisant le cadre institutionnel que réclame la majorité des Alsaciens.

Contact : jacques.schleef@gmail.com