Mois: septembre 2016

Sur le grand chantier de la Grande Région : les démolitions avant les constructions

par Jean-Paul Sorg, philosophe. Article publié dans l’Ami Hebdo du 18 septembre 2016.jpsorg

On n’imaginait pas toutes les conséquences directes, immédiatement destructrices, qu’entraînerait l’organisation administrative du territoire Grand Est. On savait que l’Alsace sera désormais privée, jusqu’à nouvel ordre, nouvelle République, d’un organe politique propre, d’un Conseil au moins avec ses représentants élus au suffrage universel. On était dans le chagrin d’une perte et d’une régression, mais on ne prévoyait pas le travail de démolition, de déconstruction, qui allait être entrepris sans tarder, avec une hâte et une sorte de rage administrative dont les citoyens candides (que nous sommes restés) ne peuvent que s’étonner.

Même le foot !

L’exemple de la démolition la plus inattendue, la plus brutale, qui ne semble répondre à aucune nécessité, est celui de la Ligue d’Alsace de Football Association (LAFA). Une institution vénérable, cette Ligue, dont le parcours épouse les lignes brisées de l’histoire de la région. Fondée en janvier 1919 à Sélestat, comme organe fédéral dépendant de la Fédération française de football. Auparavant, dans le Reichsland, les clubs alsaciens étaient affiliés au Süddeutscher Fussball-Verband. En 1940, dans une Alsace annexée par les nazis, la LAFA est aussitôt dissoute et les clubs alsaciens incorporés de force dans la Fédération des sports nationale-socialiste. À la Libération, ils retrouveront leur souveraineté et dès le 22 juillet 1945 reconstitueront la Ligue. Donc, trois changements de nationalité et d’appartenance fédérale le long du XXe siècle, et au bout un retour heureux à la normale, à la France.

Or, voilà que, chose incroyable, scandaleuse, la Ligue d’Alsace de football est sommée de se saborder comme telle, comme « alsacienne », et de fusionner avec ses homologues de Lorraine et de Champagne-Ardenne au sein d’une super-ligue du Grand Est. Elle a jusqu’au 31 mars 2017 pour réaliser sa disparition annoncée.

Pourquoi ? C’est logique. « L’Alsace n’existe plus ». Les statuts prévoient une ligue par région, et pas deux, à l’intérieur de la Fédération nationale. C’est arithmétique et c’est aussi, par derrière, psychologique. On cherche, instinctivement et cyniquement, à créer dans le monde du sport un chauvinisme régional, tremplin du chauvinisme national. On attend que les footballeurs et leur supporters vibrent, demain, pour les équipes du Grand Est et que la population dans son ensemble adhère à la nouvelle entité. Dernier slogan en cours : « L’avenir ensemble ».

À ce territoire hétéroclite, qui n’est pas une région, qui n’est pas vécu et perçu comme une région, il manque une « âme », il manque de devenir un objet de fierté et d’amour. C’est une caractéristique (un vice !) de l’esprit français, cartésien et jacobin, que de… placer la charrue avant les bœufs, que de penser que l’État précède la nation, que la nation procède de l’État, que l’État, par sa seule machine administrative et communicative, doit être capable de construire une nation et d’y insuffler un sentiment patriotique – ou en l’occurrence s’agissant de nouvelles régions découpées, comme jadis de nouvelles colonies, d’y faire naître un sentiment d’appartenance, de reconnaissance, d’identité régionale, mais mineur toutefois et subordonné à la capitale identité nationale.

Et ce n’est pas une identité graphique par le logo nouveau Grand-Est, à la symbolique laborieuse, les trois barres égales du « E » devant symboliser l’union des trois ex-régions, qui va changer les données et nous « rendre heureux », comme le voudrait le directeur général des services.

Les architectes de même

Malaise persistant garanti. C’est parce que la classe politique française, moulée par les partis et des écoles comme l’ENA, ne comprend pas que la volonté politique ne peut, sur la durée, forcer la nature sociale – la culture – des peuples et la façonner, qu’elle s’acharne aujourd’hui avec tant de rigueur, tant de raideur, à faire table rase des organismes et structures depuis longtemps installés pour les remplacer hâtivement par de nouvelles organisations « grand-régionales » (sic). Mise au pas – mise à dimension – des chambres de métiers, pour que « la grande Région de l’artisanat » se fasse, des chambres de commerce et d’industrie, des chambres d’agriculture, pour disposer ensemble au salon de Paris d’un stand de prestige commun aux Alsaciens, Lorrains et Champardennais. Les architectes, de même, sont poussés à dessiner un nouveau plan de leur Ordre pour le Grand Est, car la loi impose d’avoir un ordre, et pas trois, par nouvelle région dès 2017. Le périmètre du Grand Est-il pertinent du point de vue des architectes ? Pas du tout, mais on s’aligne, il faut faire avec.

C’est bien ce qui est navrant : cette docilité ou, si l’on préfère dire, ce réalisme spontané, ce grand sens citoyen de la responsabilité qui plie, sans résistance, devant des lois dont on affirme pourtant, et publiquement, qu’elles ne sont pas sensées et qu’elles n’amélioreront en

rien le fonctionnement et les prestations. La culture de l’objection de conscience est au point zéro en France. » Que voulez-vous ! Ou on construit, ou on fait des marches avant-arrière… », « Que voulez-vous ! La réforme est votée, la dynamique est désormais lancée, le chantier ouvert, alors autant y travailler pour faire au mieux et ne pas subir des effets négatifs… ».

Pour beaucoup, c’est même excitant, ce challenge qui fait d’eux, estiment-ils, des bâtisseurs. Il y a une part de sportivité, de virilité, dans le psychisme de ces hauts fonctionnaires et conquérants politiques. On ne se dégonfle pas, on y va ! Résultat de toute une éducation qui depuis des lustres, dans les écoles, sur les stades et sur les écrans, valorise l’esprit de compétition et minore l’esprit humaniste chrétien rhénan de compréhension et de coopération.

Les écrivains aussi

Si les organisations en quelque sorte institutionnelles, consubstantielles à la région, comme la Ligue de football, semble-t-il, les chambres économiques et l’ordre des architectes, sont sommées de se dissoudre pour mieux se reconstituer en se redimensionnant, il y a des associations de moindre importance, certes, qu’on laisse tranquilles, mais qui se trouvent maintenant comme devant un vide, sans interlocuteur, sans répondant politique, sans bureau où toquer. Que d’élans soudain brisés, que d’idées coupées, de projets qui avortent ! Les associations avaient des repères et des contacts dans l’administration de « l’ancienne » région ; ils n’en ont plus.

Le 18 juin dernier, l’association Littér’Al, qui regroupe des écrivains de toute sorte et de belle jeunesse, avait tenu sa troisième assemblée générale dans les locaux de l’Évasion à Sélestat. Réflexions pessimistes du président, Pierre Kretz, sur les conditions de développement et même de survie. On devra en tout cas renoncer cette année aux Journées de Folies Littéraires qui étaient programmées pour octobre, faute de soutien des collectivités et suite au silence de la Région nouvelle.

Il y a deux ans et demi, mars 2014, l’association avait été fondée dans une salle de la Région Alsace, avec la bénédiction de l’autorité culturelle représentée. Beaux discours. Applaudissements. Soutien promis. Lancement de plusieurs initiatives. Intervention dans les Bibliothèques. Présence dans les Salons du Livre. Publication d’un Annuaire des auteurs.

Juin 2015, deuxième AG, encore dans les locaux de la Région Alsace, où nous nous trouvons pourtant un peu seuls cette fois-ci. Pas de représentant officiel pour souhaiter la bienvenue. On sent que le vent tourne et se refroidit.

1er janvier 2016 : disparition officielle de la Région Alsace.

Les nouveaux conseillers régionaux et fonctionnaires du Grand-Est ne vont jamais s’intéresser à la créativité littéraire en Alsace ni au patrimoine littéraire alsacien comme tel, dans sa « triphonie ». Ils ne vont pas regarder la culture en Alsace comme particulière, extraordinaire (!), au risque de la privilégier. Ce serait contraire à leur principe républicain fixe de l’égalité qui doit aussi s’appliquer à l’intérieur des régions et entre les régions. Leur idée stratégique fixe est de promouvoir une vie littéraire qui « contribue à créer une identité à la nouvelle région », qui soit, expression employée sans rire, « grand-régionalisable ».

L’ineptie politique d’un tel dessein apparaît dès que l’intention en est formulée. C’est le cas.

Jean-Paul Sorg

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Fonds International pour la Langue Alsacienne : discours de Richard Weiss

Discours de Richard Weiss lors de l’AG de l’Association FILAL, 10 septembre 2016. Membre du CPA, Richard Weiss est un pionnier des écoles bilingues en Alsace.

Liewwi Friend !logofilal

Il y a 25 ans , à la rentrée scolaire de 1991, un quart de siècle presque jour pour jour, l’ Association pour le Bilinguisme en Classe dès la Maternelle ABCM-Zweisprachigkeit, présidée par Tomi UNGERER, ouvrait les 5 premières classes maternelles bilingues à parité horaire de l’histoire de l’Alsace, et cela grâce au soutien des associations culturelles et des élus ( conseillers municipaux, généraux, régionaux, maires, députés et sénateurs) qui le réclamaient à l’unanimité depuis… 1918 à l’administration de l’Education nationale.

Il y eut évidemment, comme à chaque nouveauté en France, car « en France on veut des changements mais on a peur des nouveautés » ,une levée de boucliers, des protestations venant des éternels jacobins corporatistes. Mais 2 ans après le « Mur de Berlin », chez nous en Alsace puis en Moselle, c’est le « mur du monolinguisme » qui tombait enfin !

A la rentrée suivante, en 1992, grâce à la nomination de M. Jean-Paul de Gaudemar, un recteur jeune, intelligent et sans complexes, l’Education nationale nous emboîtait le pas et ouvrait les premières classes publiques (c’est bien la preuve qu’il faut commencer…) Ce recteur a même essayé de pousser la logique pédagogique jusqu’au bout en proposant :

  • un plan de développement de l’enseignement bilingue au primaire,
  • la création d’ UN site bilingue par secteur de recrutement de collège et lycée,
  • des formations professionnelles spécifiques pour les futurs enseignants qui seraient nécessaires. Comme nous avons 125 établissements, cela signifiait à terme 125 classes à 8 niveaux, de la 6ème au bac, soit 1000 classes bilingues à parité !

Aujourd’hui nous sommes loin du compte malgré les pourcentages de 10 à 15% d’enfants bénéficiant de cet enseignement dans les différents types d’établissements primaires : publics, privés catholiques et associatifs ABCM-Zweisprachigkeit.

Certes il y a des classes en collège mais en nombre insuffisant et elles ne sont pas paritaires (certains enfants n’ont que 7 heures d’allemand et EN allemand par semaine !). De plus, le problème de la formation et du recrutement des enseignants n’est toujours pas réglé, alors qu’on nous disait que dès 1992 tous les ressortissants européens diplômés pourraient enseigner en France, donc dans l’Académie de Strasbourg !

Ce qu’on peut dire, pour conclure cette 1ère partie, c’est que si toutes les familles demandeuses d’enseignement bilingue avaient obtenu satisfaction pour leurs enfants, nous ne connaîtrions pas un taux de chômage de plus de 10%, unique dans l’histoire de notre région, Région Alsace qui a même disparu administrativement alors qu’elle est la seule région de France à continuer à financer les « Contrats de plan Etat-Région pour le développement de l’enseignement de l’allemand dans l’académie de Strasbourg » ! En somme : tout l’argent de nos collectivités – donc le nôtre – retourne à l’Etat !

Mais le constat le plus grave est la non-prise en compte de notre dialecte par l’Education nationale,qui continue à présenter l’allemand, le Hochdeutsch, comme une langue étrangère, comme « la langue de Goethe, la langue du voisin », alors que c’est aussi la langue de nos Prix Nobel Albert SCHWEITZER et Alfred KASTLER, la langue d’écrivains comme André Weckmann et le prolongement naturel de notre dialecte alsacien.

Selon une étude de l’OLCA, seuls 3% de nos enfants comprennent encore le dialecte en arrivant à l’école (et le perdent au bout de quelques mois, car ils sentent qu’il n’y a pas sa place, qu’il n’y est pas reconnu, si ce n’est pire !). Les textes officiels parlent en effet de simples « activités périscolaires »,ce qui est un moyen pratique pour l’évacuer des programmes. Ainsi, chacun peut faire ce qu’il veut et personne ne fait rien !

Comme au Luxembourg , au Québec,en Suisse et dans toutes les autres régions de France ayant une langue historique (Bretagne,Pays basque et catalan, Occitanie) nous proposons :

  • un saut quantitatif (l’immersion toute la journée) avant et pendant la scolarité maternelle, que ce soit dans des mini-crèches, des « Bubbalaschuala, des Kindergàrte, Bubbitànz, Vorschulen, Storicke-neschtla ».
  • puis un transfert naturel à la langue standard, die Dachsprache, le Hochdeutsch (lors du passage à l’écrit) avec évidemment poursuite d’activités en dialecte et introduction du français, dès que les enfant sauront lire et écrire en allemand, au CE1 ou CE2, comme cela se fait avec succès dans les autres régions de France.

Car rappelons que c’est grâce à l’immersion que nous les petits Alsaciens avons appris le français (et non à des doses homéopathiques et au périscolaire).

Comme le répète depuis des années M. Thierry KRANZER , l’immersion scolaire, c’est aussi LE modèle français car dans le monde entier. En effet, si une école veut obtenir le cachet, le label et les subventions du « Ministère de la Francophonie » , elle doit appliquer l’immersion scolaire complète ! Nous ne voyons pas pourquoi ce qui est valable dans le monde entier pour le français ne le serait pas pour notre langue qui, comme le français, nous met en contact avec 100 millions de locuteurs germanophones tout autour de nous.

Autant il était anormal qu’il n’y ait pas de maternelles bilingues « français-allemand ,langue régionale » en 1990, autant il est anormal qu’aujourd’hui il n’y en ait pas encore en immersion complète en alsacien !

Tous ces enfants sortiront parfaitement bilingues de nos écoles en immersion et seront fiers d’être des Alsaciens et des citoyens européens du XXIème siècle !

Lettre ouverte à Manuel Valls

Le Club Perspectives Alsaciennes a adressé une lettre ouverte à Manuel Valls, à l’occasion de son passage à la Foire européenne de Strasbourg.

En honorant de votre présence l’ouverture de la Foire Européenne de Strasbourg, vous maintenez la tradition qui veut que ce grand événement de la rentrée économique en Alsace soit présidé par un membre du gouvernement. Il était aussi de tradition qu’il apporte quelques bonnes nouvelles pour notre région.

Aujourd’hui celle-ci a perdu son statut, ses institutions propres et se trouve dans une situation de déprime économique d’une gravité sans précédent. Non seulement les indicateurs économiques ou sociaux sont au rouge mais, plus préoccupant, l’évolution est sur une pente déclinante. Le taux de chômage est proche de 10% (catégorie A) et, de 2000 à 2014, il a augmenté de 4,3 points, alors qu’au niveau national la hausse a été de 1,7 points. Les politiques de l’emploi que vous menez n’ont guère porté leurs fruits en Alsace alors que des solutions régionales prometteuses ne sont pas exploitées.

En effet, si le niveau de chômage alsacien a été longtemps inférieur aux moyennes nationales cela s’explique largement par l’emploi transfrontalier. Or, on assiste à une chute dramatique des embauches de jeunes Alsaciens dans les puissants centres industriels de Karlsruhe – Rastatt ou de Bâle notamment, alors même qu’on continue à y recruter massivement puisque le taux de chômage en Bade-Wurtemberg est de 4,1%, comme à Bâle!

La principale raison est connue : les jeunes Alsaciens ne savent plus parler l’allemand qui est aussi la version standardisée de la langue historique régionale, l’alsacien. Le taux de lycéens en filière bilingue français-allemand est dérisoire alors que c’est un atout reconnu par tous les professionnels. Il est ridicule et anachronique d’y voir une quelconque menace pour la cohésion nationale. Au contraire, l’actualité montre que l’identité nationale est la mieux défendue dans les territoires où elle va de pair avec l’attachement profond à une identité régionale !

Bien que le nombre de classes de maternelle bilingues progresse, le système éducatif ne permet pas de former les jeunes à une maitrise suffisante de la langue allemande alors que c’est aussi une ouverture vers d’autres langues, dont l’anglais, qui s’apprennent plus facilement. On manque aussi de professeurs d’allemand et surtout d’une véritable vision en la matière. Le 4 juillet vous avez promis que chaque établissement scolaire de l’académie de Corse pourra proposer une filière bilingue. Si une politique linguistique clairvoyante et volontariste était mise en place en Alsace, il en résulterait un enrichissement personnel pour les jeunes Alsaciens et cela leur ouvrirait des opportunités dans deux des économies les plus compétitives et performantes au monde. Cela faciliterait aussi les coopérations entre entreprises et ferait de l’Alsace le champion français sur le Rhin, ce dont profiterait le pays tout entier, plutôt que de l’allongement des listes de chômeurs et d’allocataires du RSA.

Soulignons encore qu’au niveau industriel le déclassement de l’Alsace est tragique par rapport à sa riche histoire et incompréhensible – mais explicable – si l’on se compare aux réussites des voisins de la vallée du Rhin. Le secteur industriel français souffre de l’inflation normative et d’autres maux bien identifiés. Ne pourrait-on pas innover ici pour progresser en recourant à des expérimentations ? L’Alsace y serait prête, car on y voit mieux qu’ailleurs les bénéfices qui se retirent des bonnes pratiques.

Elle a autour d’elle de petites régions : le Luxembourg (0,6 Millions d’habitants et 2600 km²) Bâle (moins de 0,5 Millions d’habitants pour 555 km²) ou le Vorarlerg en Autriche (0,4 Millions d’habitants pour 2600 km²). Chacune a trouvé en elle-même et grâce à ses marges d’initiative le moyen de devenir un leader mondial dans les secteurs des services, de la chimie, ou de la mécanique. Le pouvoir d’adaptation laissé aux acteurs locaux, la taille optimale pour travailler en réseau avec des partenaires proches et partageant les mêmes valeurs ont été des facteurs décisifs alors que leur situation n’était pas d’emblée favorable.

Qu’attend l’Alsace ? D’abord d’être à nouveau une région française à part entière, car l’on n’avancera sur rien s’il n’existe pas une direction politique capable de fédérer les forces locales et d’être un interlocuteur réactif des partenaires extérieurs et des services de l’Etat. Vous aviez justifié la création des grandes régions par l’amélioration qu’elle apporterait à la définition des politiques économiques régionales. C’est l’inverse qui se passe. Ces immenses territoires aux bureaucraties incompréhensibles, éloignées des citoyens et des forces vives, ne sont pas des espaces pertinents et ne constituent pas des communautés solidaires et dynamiques capables de répondre aux défis de ce temps. Leur gouvernance affiche une perte d’efficacité brutale, tout en explosant leur coût de fonctionnement. La France peut-elle se permettre pareil gaspillage ?

Cette nouvelle organisation territoriale, rejetée par les trois quarts des Alsaciens, est un handicap mortel alors que nous avons une culture économique, un art du vivre ensemble, un sérieux dans la gestion publique qui peuvent faire de notre région un modèle pour d’autres. Le Gouvernement avait d’ailleurs regardé d’un oeil favorable le projet soumis à référendum le 7 avril 2013. L’Alsace devrait aussi être utilisée comme trait d’union avec l’Allemagne, la coopération entre les deux pays restant plus que jamais la condition des avancées de la construction européenne. Seul un pouvoir régional sera désireux et capable de créer les synergies nécessaires.

En politique et en économie on n’échappe pas au principe de réalité. Admettez, Monsieur le Premier Ministre, l’échec d’une expérimentation d’organisation régionale dont les défauts sont d’ores et déjà manifestes. Donnons à l’Alsace l’opportunité d’une relance économique, d’une innovation institutionnelle dont pourront bénéficier d’autres et, en définitive, la France elle-même.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération

Pour le Club Perspectives Alsaciennes
Jean-Daniel ZETER, Président