Humour et satire

L’Alsace et le CGO

par François Robert, Président du Théâtre de Truchtersheim, membre d’Alsace Nature et du Club Perspectives Alsaciennes. Article paru dans l’ami hebdo du 2 septembre.lovely-elsa-dit-non-au-gco_2

Madame Wonner est la seule député qui s’oppose frontalement au GCO. Il faut l’en remercier et la féliciter d’oser affronter le rouleau compresseur de Vinci soutenu par une grande partie du monde politique alsacien.
L’autre soir, à la fête du « collectif GCO non merci » à Kolbsheim, madame Wonner fustigeait les députés alsaciens qui d’une part soutiennent la création d’une collectivité alsacienne propre et par ailleurs défendent un projet aussi dévastateur que le GCO.

Faut-il absolument opposer l’Alsace et l’environnement ? Ne peut-on pas être défenseur d’une Alsace sans GCO ?

Nous sommes bien d’accord :

  • Le GCO prend 350 ha de forêts et d’excellentes terres cultivables du Kochersberg.
  • Le construction du GCO a enregistré 7 avis négatif de la part d’ instances officielles. Excusez du peu !
  • Le GCO va polluer encore plus notre pauvre plaine d’Alsace, déjà bien mal en point et coûter très cher.
  • Enfin, officiellement le GCO n’a pas pour but de régler la circulation sur Strasbourg, et ceci très officiellement ! Ce qui veut dire que, après la construction du GCO, nous aurons exactement les mêmes bouchons qu’avant, notamment dans le Kochersberg.
    Le GCO est donc une grosse calamité pour les Alsaciens.

Seulement voilà, la seule chose qui peut encore mettre le GCO en péril, c’est l’instauration de l’écotaxe en Alsace. En effet, la Maut (l’écotaxe allemande) est omniprésente en Allemagne sur les autoroutes et bientôt sur les routes nationales. De ce fait l’ensemble des camions sur l’axe Nord-Sud, s’est déjà reporté, ou va se reporter sur les routes alsaciennes. Elle fera accessoirement l’affaire de Vinci qui va empocher le gros lot avec le péage sur la portion d’autoroute du GCO.

Seule l’écotaxe sur l’axe Nord-Sud alsacien pourra faire revenir les deux mille camions quotidiens sur leur parcours naturel côté allemand et du coup rendre le GCO de Vinci inutile, en tous cas sa rentabilité bien moins évidente !.

Or, il est pratiquement acquis que l’écotaxe ne se fera pas au niveau national. Ni la ministre des transports, ni les grands partis politiques, ni l’Elisée n’ont envie de se brûler les doigts. Tout le monde regrette sa non mise en application mais personne ne veut s’y coller !

Alors, la seule alternative, c’est la création d’une collectivité à statut particulier, c’est à dire la création d’une Alsace avec des compétences particulières, notamment le bilinguisme et les transports. Avec le transfert de la compétence des routes nationales à l’Alsace, celle-ci pourra instaurer l’écotaxe uniquement en Alsace, et éviter ainsi les lenteurs parisiennes et les bonnets rouges de nos amis bretons !

La seule solution pour faire barrage au GCO est locale ! A Paris, tout le monde est décidé à passer outre à toutes les recommandations négatives des organismes consultatifs. Même Nicolas Hulot ne s’était pas mouillé !
Il semble donc particulièrement contreproductif d’opposer les revendications pour une Alsace à statut particulier qui puisse décider de son avenir et en particulier de son infrastructure routière, et d’autre part le combat de citoyens lucides et déterminés contre l’hydre de Vinci et son projet mortifère pour l’Alsace.

François ROBERT

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A fond les ballons !

ballonGEUne satire par Etichon Adalric, 21 juillet 2017.

L’heure est grave. Cela fait maintenant un an et demi que le Grand Est déploie des efforts inimaginables pour imposer son nom et son logo partout. Et pourtant, un sondage CSA d’avril 2017 montre que 84% des orientaux du Grand Est souhaitent son démantèlement, pour retrouver une région Alsace.

La partie orientale pose en effet problème. Encerclée par des peuplades germaniques bordant le Rhin, elle en subit les mauvaises influences. A tel point que les habitants ont tendance à se sentir Alsaciens au lieu d’adhérer à l’idéal commun que devrait partager le peuple du Grand Est. Rendez-vous compte, ils prétendent même avoir une culture et une langue spécifique à eux ! Le populaire et regretté François Hollande était pourtant venu à Strasbourg pour leur expliquer que  »l’Alsace n’existe plus », mais ces farfelus ne veulent rien savoir. Que faire ?

Certains orientaux osent même jusqu’à demander une consultation par référendum sur la sortie du Grand Est. Mais disons-le net, il est hors de question de leur donner satisfaction. On voit bien que l’idée d’un référendum s’inspire du modèle pseudo-démocratique Suisse, connu pour son archaïsme. Ce n’est pas comme cela que se passent les choses dans une région moderne comme le Grand Est, bien évidemment  »une et indivisible ». C’est au gouverneur du Grand Est d’imposer sa loi. On ne va quand même pas se rabaisser à demander l’avis des gens !

Non, la seule stratégie possible, c’est continuer à marteler Grand Est dans la tête de ces récalcitrants. Ils finiront bien par s’y faire !

Continuons à acheter des espaces publicitaires dans les journaux locaux. Continuons à dépenser pour des panneaux Grand Est au stade de la Meinau. Continuons à débourser pour s’afficher dans la caravane du Tour de France. Ils ne doivent pas passer la moindre journée sans avoir vu le logo du Grand Est !

Mais cela ne suffit pas. Il faut que le Grand Est soit visible même lorsque les gens regardent le ciel. La solution ? Le ballon du Grand Est, pardi ! Quelle beauté éblouissante, n’est-ce pas ?

Certes, il paraît qu’il faut 5 semaines en ballon pour faire le tour du Grand Est. Mais au moins il pourra voler suffisamment haut pour éviter les projectiles que pourraient envoyer certains perturbateurs de la plaine du Rhin. Ce serait dommage de l’endommager ; il parait qu’un ballon coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mais cela, il ne faut surtout pas leur dire, ça risquerait de les énerver encore plus.

Que peut-on maintenant imaginer pour la suite ? Quel dommage que notre Grand Est ne soit pas une région maritime. Imaginez un sous-marin du Grand Est capable d’aller 20 000 lieues sous les mers. Quelle fierté pour le peuple du Grand Est ! Mais faisons confiance à nos élus régionaux pour trouver la prochaine idée, on sait qu’ils ne sont pas du genre à se dégonfler.

Le Grand Est fait son Tour !

Une satire par Etichon Adalric, 19 juillet 2017.

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Le Tour de France est vraiment un spectacle riche en émotion. Cette année, les spectateurs ont même l’honneur d’être salués par deux automobiles aux couleurs du Grand Est qui intègrent la caravane, ce qui en soit mérite le déplacement.

Certaines mauvaises langues critiquent le logo de la région, qui nous permet pourtant d’effacer le vilain blason de l’Alsace de nos plaques d’immatriculation. Voilà qui devrait les faire changer d’avis. Quelle élégance ! Peugeot serait bien inspiré de proposer ces peintures au grand public pour relancer ses ventes.

En tout cas, merci à la région Grand Est de nous montrer à quoi servent nos impôts. Nous ne connaissons pas le cout de l’opération, mais il doit être assez salé vu l’ampleur de la manifestation. Mais nous sommes persuadés que cet argent n’aurait pas pu être mieux utilisé, car il répond sans aucun doute aux aspirations de la population.

Certains pourraient s’étonner de faire rouler des voitures sur 200 kilomètres, alors qu’en même temps la région vient d’organiser un séminaire climat Air Energie (le 5 juillet) pour lutter contre le changement climatique et la pollution de l’air. Mais rappelons que 200 kilomètres ne représentent que la moitié seulement du trajet entre Strasbourg et Châlons-en-Champagne. Autrement dit, c’est une petite balade au regard des déplacements quotidiens des agents et des élus régionaux. Dans le Grand Est, on n’en est plus à ça près !

Si nous pouvons donner un conseil à la région, ce serait de renouveler l’expérience pour le Tour d’Alsace fin juillet. Le public serait ravi, car comme le souligne le président de la région : « nous avons juste, avec le Grand Est, un supplément d’âme » (Philippe Richert le 21 janvier 2017). Et les Orientaux du Grand Est sont effectivement très sensibles à l’âme d’une région qui puise ses racines dans leur histoire et de leur culture. Par contre, il est donc fortement recommandé de fermer les vitres des véhicules. Car dans un débordement de joie, il n’est pas impossible que certains spectateurs en viennent à lancer des tomates.

Comme le dit Jean Rottner : « Grand Est is back ! »

Les travaux d’Hercule

herculepar Pierre Kretz, écrivain, 21 décembre 2016

Peut-être avez-vous réagi comme moi à la lecture des articles consacrés dans les deux quotidiens régionaux à la séance du Conseil régional du Grand Est de la mi-décembre 2016 consacrée au budget 2017 : agacement, fatigue à lire encore et toujours les mêmes formules creuses, parfaites illustrations du divorce entre les citoyens et les élus dans notre région comme dans tout le pays.

Premier constat à partir d’un verbatim trié par les journalistes qui ont couvert la séance : ce n’est pas l’humilité qui étouffe le président du Grand Est. Ce champion inégalable en retournement de veste se transforme carrément en professeur ès morale politique : « Faire de la politique autrement c’est cela et ni les petites phrases ni l’écume ». Même pas peur !

Il faut donc que les générations à venir retiennent bien là les bases éthiques posées par celui qui «  contribue à écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays. » : d’abord retourner sa veste, ensuite parler parler parler. Parler encore et toujours. Parler comme si les discours sans fin permettaient d’étouffer la forfaiture. Parler et s’écouter parler jusqu’à en avoir le vertige. Parler au risque de saouler littéralement tout le monde. Et surtout ne pas craindre de débiter toujours les mêmes slogans, les mêmes bouts de phrases qui se veulent assassines. Et ne pas hésiter à donner des leçons de morale politique tous azimuts !

Et ne pas craindre les formules hugoliennes : «  Le travail accompli est énorme. Gigantesque. » Pas de doute, c’est Hercule en personne qui se trouve à la tête du Grand Est ! Et chacun pourra imaginer en fond d’écran des bulldozers qui avancent de front, suivis de très près par autant de rouleaux compresseurs.

Et puis, chose difficile à croire, notre Hercule de la démocratie  « …décèle sur le terrain une acceptation plus grande ». Difficile de savoir sur quel terrain il décèle cette pépite qui lui permettrait de dormir enfin tranquille. Peut-être sur le terrain de jeu des quantités de larbins qui l’entourent ? En tout cas, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais on ne le voit plus du tout en Alsace. Il s’y faisait chahuter à chaque fois qu’il y apparaissait officiellement, jusqu’aux réunions des militants de son propre parti.

Son lieutenant Jean Rottner, expert lui aussi en retournement de veste a également le sens des formules que je mets en bonne place dans ma collection de phrases-types en langue de bois. Pour lui «  Le Grand Est commence à faire sens ». Si ça commence seulement, on peut considérer que jusqu’à présent, pour lui, «  ça ne le faisait pas ». Ou alors ai-je mal compris ?

Moi je suis surtout frappé par l’incroyable orgueil, voire la mégalomanie que révèlent ce genre de propos : ainsi donc, par ce que pour Monsieur Rottner la stupidité grandestienne  « commence à faire sens » il faudrait qu’il en soit de même pour nous tous, alors que jour après jour nous constatons que ce projet est le plus absurde jamais conçu en termes d’aménagement du territoire et de démocratie locale ?

Mais qu’on se le dise une fois pour toutes : le Grand Est est   « un outil au service de la démocratie locale.» Parole de Philippe Richert, grand maître ès démocratie locale lors de cette même séance.
Tiens, ça me donne une idée. Pourquoi ne pas faire un test de démocratie locale grandeur nature, sous forme de référendum, pour savoir si les Alsaciens sont effectivement dans une «  plus grande acceptation » de l’ineptie grandestienne ?

Chiche ? Ce serait «  énôôôrme…gigantesque…. », non ?