Mois: avril 2024

Riposter

Successeur de François Hollande en 2017, Emmanuel Macron est aussi son héritier politique : comme son prédécesseur, l’actuel chef de l’Etat est un jacobin invétéré et se refuse à prendre en compte les revendications régionalistes (sauf pour la Corse, dont on connait les arguments !). Le président de la République n’a cure des sondages, et il a montré à plusieurs reprises le peu d’importance qu’il accorde aux demandes des citoyens et des acteurs sociaux.

Le mépris qu’il manifeste pour l’Alsace est un scandale insupportable, et mériterait une réaction pugnace de tous les élus, notamment « macronistes », au lieu des sourires déférents et des applaudissements serviles. Pour les Alsaciens, le déplacement de M. Macron le 26 avril à Strasbourg n’est pas une déception, car plus personne n’accorde le moindre crédit aux engagements qu’il a pris par le passé pour une vraie décentralisation. Clairement, toute réflexion institutionnelle (proportionnelle, rééquilibrage des pouvoirs entre le Parlement et le gouvernement) est repoussée à 2027…

Aujourd’hui, accepter une discussion avec la Région Grand Est au sujet d’hypothétiques transferts de compétences – qui devraient avoir lieu par une loi – reviendrait à « parler cuisine avec un anthropophage », dans la mesure où Franck Leroy ne cédera pas (sauf ordre de Paris) et où la Préfète Josiane Chevalier est à la fois « juge et partie ». Si Frédéric Bierry croit utile d’entrer dans une discussion au sujet de la mise en œuvre de la résolution du 18 décembre dernier sur l’avenir de l’Alsace avec des interlocuteurs de cette trempe, on lui recommande d’enfiler des gants de boxe !

 Un ordre du jour différent que l’attribution à la Collectivité européenne d’Alsace de l’intégralité des missions et des ressources de la RGE serait une  illusion toxique et aboutirait, une fois de plus, à sacrifier le projet d’une Région Alsace digne de ce nom.

Encore un marché de dupes !

Lors de sa visite à Strasbourg le vendredi 26 avril 2024, Emmanuel Macron a claqué la porte à l’Alsace : pas de sortie du Grand Est. Au lieu de cela, il souhaite que des discussions s’engagent entre les exécutifs de la Région et de la CeA sur d’hypothétiques transferts ou délégations de compétences.

Personne n’est dupe : il ne s’agit que d’endormir les Alsaciens et de procrastiner jusqu’aux élections Européennes pour lesquelles la menace frontiste semble être perçue en haut lieu.  La proposition piétine une nouvelle fois la volonté pourtant clairement affirmée du peuple alsacien à retrouver une Région Alsace de plein exercice.

L’engagement de Frédéric Bierry, qui porte de manière constante ce projet est à saluer. Toutefois dans cette phase décisive, nous encourageons le président de la CeA à se montrer suffisamment lucide et ferme pour ne pas se laisser entrainer dans un marché de dupes. Il se doit de garder à l’esprit le piège tendu il y a plusieurs mois par le Ministère des sports pour bloquer la reconstitution de la ligue d’Alsace de football. Son triste dénouement est dorénavant connu. La résolution du 18 décembre 2023 du Conseil d’Alsace qui s’est prononcé à l’unanimité en faveur d’une Région Alsace hors du Grand Est, collectivité à statut particulier conformément à l’article 72 de la Constitution, doit être respectée et tout marchandage refusé. Seul le rapport de force semble en mesure de laver ce nouvel affront et contrer la monarchie présidentielle qui n’est assurément pas un modèle politique pour l’Alsace.


Voir aussi l’article des DNA qui reprend des éléments de cette publication : https://c.dna.fr/politique/2024/04/27/les-partisans-de-la-sortie-de-l-alsace-du-grand-est-en-colere