Dans les DNA du 16 décembre, le sénateur de Mulhouse Jean-Marie Bockel demande à Jean Rottner de prendre une initiative en faveur d’une nouvelle Alsace.
Cette intervention dans le débat sur l’avenir de l’Alsace montre que « tous les voyants sont au rouge » pour le Grand Est, ainsi que pour la classe politique qui craint un dégagisme lors des prochains scrutins électoraux (municipales de 2020, territoriales de 2021), avec une forte abstention et un vote protestataire massif.
Soucieux de sa place dans l’histoire, Jean-Marie Bockel intervient dans la querelle sur le maintien ou non de l’Alsace dans le Grand Est. L’ancien secrétaire d’Etat et ministre se dit être prêt au compromis, en se posant comme l’interlocuteur de tout le monde, de Laurent Furst (LR) à Sylvain Wassermann (LREM). Toutefois, sa déclaration de loyauté et de fidélité à Philippe Richert et Jean Rottner devrait en inquiéter certains. En prenant publiquement position pour réclamer une initiative de son successeur à la mairie de Mulhouse pour imaginer une « Alsace nouvelle », il lui donne un « coup de poignard dans le dos ».
Pourtant, Jean-Marie Bockel ne dévoile pas véritablement sa propre position ce débat. Même s’il est juridiquement complexe, il n’en est pas moins binaire : la « nouvelle Alsace » issue de la fusion des deux départements du Rhin doit-elle bénéficier d’un statut différencié comme la Corse ? Ou seulement d’une vague délégation de compétences de l’Etat et de la région (révocable à tout moment, et sans pouvoir ni ressources financières et humaines propres) ?
L’offre de services de Jean-Marie Bockel renforce la pression sur tous les acteurs pour négocier sérieusement. Cependant, elle fait in fine le jeu du Grand Est qui peut continuer à « acheter ses partisans » à coups de subventions et de prébendes. Dans ce contexte, le « centrisme » ne sert à rien faute d’idées et de militants. Ni l’UDI, ni le Parti Radical, ni le MoDem ne sont des partis aujourd’hui susceptibles de répondre aux Alsaciens.
Le « désir d’Alsace » va au-delà des seuls autonomistes : s’il se libère du « complexe » qui l’entrave depuis des décennies, tout reste possible. Là-dessus, Jean-Marie Bockel n’a, pour l’heure, pas de vrai message…