Groupe Alsace : encore un comité Théodule !

Jean Rottner, président du Grand Est, a créé un groupe de 6 personnalités censées remettre un rapport sur la culture et la langue d’Alsace. Que penser de cette initiative ?

Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’un nouveau rapport, mais de l’action. Les Assises du bilinguisme tenues en 2014 ont déjà établi le diagnostic et une feuille de route des politiques à mettre en œuvre pour revivifier notre langue, effectivement malmenées (cf. les menaces du rectorat sur l’enseignement bilingue). De nombreuses publications de diverses associations et d’universitaires fournissent déjà une bonne vision de la situation aux décideurs publics. Alors à quoi bon créer une nouvelle commission, dont le résultat sera de dire des choses que l’on connaît pourtant déjà très bien ? Depuis 2015, un Conseil Culturel d’Alsace adossé au Grand Est est déjà censé réfléchir sur ces questions. Créé par le précédent Président, il n’a jamais apporté aux Alsaciens la légitimité de leur identité culturelle, car il n’avait pour seul but que de calmer l’indignation de l’Alsace devant l’intégration forcée dans le Grand Est.

Alors même que les deux départements, de concert avec un certain nombre de parlementaires, s’attachent à trouver une solution pour créer une collectivité alsacienne, Jean Rottner refuse, à l’heure actuelle, de transférer les compétences pourtant essentielles pour rendre plausible la fusion des départements. En inventant un nouveau comité Théodule,  le Groupe Alsace, il espère anesthésier les exigences des Alsaciens en les confinant dans une demande purement identitaire. Cette tentative d’apparaitre comme le défenseur de l’identité alsacienne (alors qu’en réalité il est le plus déterminé des élus alsaciens à vouloir conserver le Grand Est en l’état) vise uniquement à préparer une campagne de dénigrement contre les Conseils Départementaux qui s’obstineraient à ne pas vouloir fusionner, privant ainsi les alsaciens d’une collectivité Alsace qu’ils réclament.

Ce que nous voulons de la part du Grand Est, ce n’est pas de se cacher derrière un nouveau comité qui vient se superposer à un autre, mais un engagement à transférer des compétences à la future collectivité Alsace. Nous voulons la maîtrise de notre destin autant dans les domaines économiques et touristiques que dans la gestion de notre patrimoine culturel et linguistique. Nous demandons simplement à Jean Rottner d’être cohérent avec son engagement de l’été 2014, quand il disait dans sa pétition : Nous, Alsaciens, devons désormais prendre notre destin en main !, et qu’il demandait une délibération instaurant un Conseil Unique d’Alsace.

Publicité